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NOTES D’UNE FRONDEUSE

Certes, il est d’honnêtes hommes, en ce Parlement : ceux qui ont le moyen de l’être, d’abord ; ceux, ensuite, qui n’ont pas rencontré l’occasion de ne l’être plus ; enfin, les stoïques. Ces derniers sont rares et ne se sentiront pas atteints par mes paroles, puisqu’ils ont la conscience très pure et les poches vides de tout larcin.

Étonnerais-je quelqu’un en les supposant là à titre d’exception — le seul qui n’ait pas cours sur le marché ? La probité subit ses krachs, comme toute vertu humaine entrée, aux époques de décadence, dans la courante spéculation.

Et même une chose me surprend mélancoliquement, dans cette débâcle ; l’entache de vulgarité ; en fait un article de bazar, à la grosse, au lieu de l’œuvre originale, ingénieuse, d’un unique artisan : c’est son bon-marché. Si jamais j’avais osé m’imaginer un père ou un frère conscrit vendu, j’aurais pensé, naïve, que c’eût été, au moins, contre son pesant d’or.

Pas du tout ! On en a eu presque pour rien. Moyennant une misère — dix, quinze, vingt mille francs — Panama a pu s’offrir les personnages les plus considérables du pays. Point une horizontale un peu cotée, et ayant beaucoup servi, qui ne vaille ça !

Si bien que l’on a vu, en cet écroulement de siècle, l’honneur d’un homme (cette chose pour laquelle les aïeux se faisaient tuer !) valoir un peu moins cher que le déshonneur professionnel d’une ribaude.

Inutile de s’en affliger outre mesure, de s’en répandre en lamentations. Ce qui doit arriver arrive… et le mal est général ! Pour faire taire les étouffeurs qui demandent le silence, c’est-à-dire l’impunité, au nom de la patrie, il suffit de jeter un regard circulaire — comme les Cook’s — sur le reste du monde.