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NOTES D’UNE FRONDEUSE

trouvait pour lui du sentiment. Si je l’aime comme ça, c’est peut-être de son malheur. Puis, il est mort comme dans les livres…

Et les yeux couleur d’algue, les yeux du rustre s’extasient, emplis d’idéal autant que les lumineuses prunelles des poètes, charmeurs de visions !

« Comme dans les livres ! » — phrase brève synthétisant la vie de Georges Boulanger, pouvant servir de devise, d’épitaphe, à qui s’annonça comme César, vécut comme Catilina… succomba comme Roméo !

Et cette douceur après tout ce tapage, ces clameurs formidables s’achevant en un baiser, cette abdication de tout espoir, ce renoncement à toute revanche, alors que (ses intimes le savent bien), à tort ou à raison, la revanche lui demeurait certaine et l’espoir inaboli ; tout cela lui a rallié plus de cœurs qu’il n’en traîna jamais derrière les pas du cheval noir, le panache de la locomotive, le passage du landau !

Mais ces cœurs sont d’autre sorte, pétris d’argile différente. Loin des vains tumultes, épris de mystère, craintifs de l’avenir, endoloris par le présent, ils se réfugient dans le passé — volontiers vers les tombeaux. Leur flamme est discrète comme celle qui tremble aux lampes funéraires ; ils fleurissent pâle comme les chrysanthèmes du Jour des trépassés.

La passion les a mûris, la passion les a meurtris ; et ils en gardent le culte ! Une infinie pitié émane, de leur martyre, pour la divine souffrance. Ces âmes écartent leurs voiles, comme Véronique, au passage du supplicié, en épongent sa sueur d’agonie… et, dans l’image miraculeuse qui y demeure, se reconnaissent ainsi qu’en un miroir !