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NOTES D’UNE FRONDEUSE

Ils en sont tous, vous dis-je, de tout ce qui a été fait ; et celui-ci est, peut-être, seul digne d’estime, qui peina là où les autres profitèrent — j’aime mieux la fille que le tenancier !

À son ombre, à son abri, des « vertus » s’épanouirent ; les ordures à lui lancées leur faisant un bon lit de fumier, les engraissant doucement. On admira la pureté des calices, on encensa les corolles immaculées… les racines tétaient goulûment le purin !

Quand on se crut fort, assez haut, assez solide, on le chassa. Et, aujourd’hui, la petite Souris blanche — plus blanche que la blanche hermine — qu’est M. de Freycinet ; l’espèce de lapin russe, noir et luisant, qu’est M. Carnot ; les autres, toute cette ménagerie de politiciens « honnêtes », se passent la patte sur l’oreille ou sur le museau pour effacer les derniers vestiges du voisinage fâcheux.

Peine perdue ! Efforts comiques ! De cette Boule-de-Suif en redingote, vous avez mangé les provisions, empilées, le diable sait comme, au fond de son portefeuille ; vous avez dégusté la victoire, gagnée, Dieu sait par quels moyens ! Pour vous, il s’est offert à la calomnie, livré à l’outrage ; vous l’y avez poussé, vous en avez profité ; son triomphe a été vôtre bien plus que sien ; et la sottise dont mourut l’adversaire qui vous faisait trembler est justement de ne se l’être point acquis… que venez-vous, maintenant, le renier et le répudier ?

Il n’y a point assez de cuvettes, en ce pays de France, pour que tous les Pilate s’y lavent les mains ; et chacun de ceux qu’il a sauvés dit, se détournant : « Je ne connais point cet homme ! »

Tarare ! Le « vidangeur », comme disait M. Rochefort, s’en va — mais la vidange reste !