ture fasse replanter les lilas arrachés par Montjau… ennemi des femmes et des fleurs !
Je sais des insurgés farouches qui assiéraient sur ses artichauts de fonte Madier — ennemi des fleurs et des femmes ! — et qui éviteraient de passer par le petit bastion, s’il était, comme jadis, fortifié de grappes fleuries ; si, pour l’escalade, il fallait briser les cassolettes de parfum mauve se balançant sous le ciel de mai.
Je crois donc que les inquiétudes manifestées sur la « tenue » des électeurs sont pure et simple plaisanterie.
C’est un prétexte, en tout cas.
Si, pour arriver de la rue à l’hémicycle, on fait traverser au patient autant d’épreuves qu’il fallait en subir jadis pour être admis dans la franc-maçonnerie ; si l’on a ce soin d’épurer l’assistance, de filtrer le public, de trier les spectateurs, c’est qu’en effet on a une crainte, mais bien autre et bien autrement grave que celle exprimée tout à l’heure.
Ils ont la peur, une peur irraisonnée, inconsciente, — mais combien juste ! — que le populo ne voie ce qui se passe là-dedans, qu’il n’assiste à leurs débats, qu’il ne les pèse… et ne les juge !
Pour cela, ils ont raison. Et je n’oublierai jamais ma stupeur profonde le premier jour où j’assistai, il y a cinq ans, à l’une de leurs séances.
Cette stupeur-là, je l’ai vue se refléter, depuis, sur bien des visages. J’ai causé, dans ces tribunes, avec des maîtres-gueux et des maîtres-clercs, avec des curés de village et des avoués de chef-lieu. Comme je leur semblais « une personne au courant », ils me priaient de leur désigner « les notabilités ». Très amusée de ce