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NOTES D’UNE FRONDEUSE

sion de tendresse, qui ne désarme pas ; et cette passion de haine, qui s’acharne sur le disparu, comme une bête puante sur un cadavre !

Pauvre de nous ! Que deviennent notre instruction, notre rhétorique, notre phraséologie, auprès de l’instinct ingénu qui donne le talent à une ignorante, l’éloquence à une timide !

Cela est dur à constater — si dur que j’ai préféré douter, d’abord. Était-elle authentique, seulement, cette lettre ? N’était-ce point le fruit de quelque sotte mystification, une farce de confrère, un stratagème de littérateur ?

Hé ! non. J’ai fait vérifier signature et adresse — l’une et l’autre sont parfaitement exactes. Si je ne les transcris point, c’est uniquement parce que si la malechance voulait que soit anti-boulangiste, fût-ce un tantinet, le patron de cette fervente, je m’exposerais à lui faire perdre son pain.

Mais je n’ai pas voulu, au compte rendu de l’épilogue qu’est la vente d’aujourd’hui, d’autre introduction que cette lettre d’une sincère, d’une obscure… l’humble femme qui, dans son logis de Charonne, met encore refleurir, en un verre de foire — riez, ô vainqueurs ! — la fleur de revanche des sans-espoir : l’œillet couleur de flamme et couleur de soleil !

Les enchères ont été ouvertes, ce matin, à dix heures et demie, dans la petite cour qui, derrière, sépare l’hôtel des communs ; la cour plantée à gauche, le long de la paroi, d’une lignée d’arbres jeunets, hauts comme des cannes de tambour-major, et que Boulanger me désignait d’un geste ironiquement las, à mon avant-der-