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TUEURS DE FEMMES



Pour Paul Adam.


Il ne faut pas s’y méprendre, on ne s’y doit pas tromper : les trois quarts des gaillards qui assassinent leur légitime n’ont aucunement l’excuse de la jalousie, le prétexte de la passion.

La passion est rare, entre gens qui se doivent de l’amour – comme on se doit de l’argent ! — la contrainte par corps, supprimée entre particuliers pour dettes ordinaires, existant, dans toute sa vigueur, pour dettes conjugales.

Il s’agit de faire honneur à sa signature, de payer (à vue) les traites qu’il plaît à l’époux de présenter. Car celui-ci, ne l’oubliez pas, peut se soustraire, par la fuite, à un déplaisant règlement de comptes : la banqueroute masculine est admise ; la force armée n’a que faire aux trousses du mari déserteur.

Tandis que, pour la femme, il en est tout différemment. Urbi et orbi, en sa patrie, elle reste sous la coupe