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d’ignorance, de contradiction, d’absurdité ; ses fautes de français et ses impropriétés de style sont relevées, avec une joie féroce, par le virulent polémiste, qui, dans une telle lutte, ne connaît nuls ménagements.

Seulement Weustenraad était libéral aussi convaincu qu’ardent patriote. On put le voir en 1841, quand il s’appliqua à réfuter dans la Revue belge[1] la brochure anonyme de son ami Grandgagnage intitulée De la Belgique en cas de guerre. Cette brochure, écrit au moment où la Question d’Orient mettait l’Europe à deux doigts d’une conflagration, prétendait démontrer l’impossibilité pour notre pays de garder sa neutralité, soi-disant « garantie par les traités. » Ne pouvant rester neutre, il avait à prendre parti pour l’un ou l’autre des belligérants, et Grandgagnage préconisait résolument une alliance avec les « puissances du nord » : tout devait détourner la Belgique de s’allier à la France, qui, dans ses efforts pour reconquérir la frontière du Rhin, se montrerait sans doute peu respectueuse de l’indépendance belge.

Weustenraad repoussait l’idée d’une alliance avec les puissances du nord, puissances conservatrices ou réactionnaires, qui ne pouvaient voir d’un bon œil les libertés octroyées à la Belgique indépendante. De deux maux il convenait de choisir le moindre ; et il considérait une alliance avec nos voisins du sud com-

  1. Revue belge, 1841, tome 17, p. 65-100.