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le reproche fait à la presse belge de « déverser chaque jour le plus insultant mépris sur les gloires littéraires de la France ». Il faut s’entendre, dit-il. La presse belge n’a que du respect pour « les évrivains qui consacrent leurs veilles à de nobles travaux, qui font servir les enseignements de la science et de l’histoire à l’amélioration des hommes ». Suit une énumération d’auteurs français, parmi lesquels figurent tous les principaux historiens de l’époque et, en fait de poètes, Chateaubriand, Lamartine, Vigny, Delavigne, Béranger, Barbier. « Mais, poursuit Weustenraad, elle méprise tous ceux qui, méconnaissant la noble mission de l’écrivain, consacrent leur incontestable talent et leur beau génie à la propagation des doctrines les plus immorales et les plus révoltantes, prennent un plaisir infernal à déraciner de l’âme tout sentiment de générosité, de foi, d’amour et d’ordre… et cela dans un but de lucre ». Weustenraad ne nomme pas les écrivains immoraux et mercantiles qu’il flétrit en termes si prudhommesques ; mais on peut croire que les auteurs malmenés plus haut sont du nombre. On trouvera que le publiciste belge avait le goût bien timide. Mais les excès du romantisme effrayaient, chez nous, maints bons esprits, et, de plus, en 1835, quelques-uns de ces grands évrivains français que Weustenraad nous paraît proscrire si indûment, Hugo et Sand entre autres, venaient précisément de publier