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me si violent et si injurieux, que l’éditeur Dumont, par les soins de qui paraissait, dans notre pays, l’édition de contrefaçon de ce périodique, jugea prudent de ne pas le reproduire. L’auteur de cette diatribe nous accusait de manquer de nationalité ; il s’élevait, après beaucoup d’autres, contre la contrefaçon littéraire pratiquée chez nous, et invitait les écrivains français lésés dans leurs intérêts à réclamer des chambres françaises l’extirpation de cet abus en Belgique. « Que la contrefaçon repasse le Rhin, disait-il, qu’elle se réfugie à La Haye ou à Coblence, peu nous importe, mais du moins le pays le plus limitrophe de nous, le pays que protègent notre drapeau et nos armes, ne sera pas le premier à dépouiller et à injurier nos gloires ». Il reprochait à nos journalistes de « déverser journellement, dans des feuilles qui ne sont pas même signées, le mépris le plus lâche sur nos gloires littéraires ». Ces pages écrites ab irato, qui rendaient le peuple belge tout entier responsable des intempérances de plume d’un obscur journaliste, ne pouvaient laisser Weustenraad indifférent. Il y répondit dans la Revue belge (Nouvelle agression de la Revue de Paris ; 1836, tome 3, p. 68-91).

Le ton est grave, cette fois. Le poète patriote n’entend pas raillerie quand on dénie aux Belges la nationalité, « afin, dit-il, de nous préparer aux arguments sur lesquels, plus tard, sans doute, on établira la nécessité de nous enlever nos droits à la liberté et à l’indé-