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l’intérêt, le dédain, la sympathie, le dépit, la convoitise…

On conçoit du reste qu’ils n’aient pu, en 1835, considérer notre pays d’un œil indifférent ou impartial. Nos provinces n’avaient-elles pas, pendant vingt ans, fait partie de la France ? Les traités, il est vrai, les avaient ravies à la « grande nation » pour les faire entrer dans une combinaison politique dirigée contre elle. Mais les traités ont la vie courte, et les Belges, au bout de seize années, s’étaient rendus indépendants. Leur émancipation avait pu faire concevoir secrètement aux Français, qui y avaient aidé, des espérances trop vite déçues, mais que l’avenir se chargerait peut-être d’exaucer. Les chauvins rêvaient toujours la frontière du Rhin…

De leur côté, les Belges, à cette époque, montraient un patriotisme d’autant plus ombrageux que leur indépendance, récemment conquise, semblait encore assez précaire. Il n’est pas surprenant qu’ils aient lu avec une curiosité méfiante les articles des publicistes français sur la Belgique, et qu’ils aient été portés à s’en exagérer le caractère désobligeant. Telles étaient du moins les dispositions de Weustenraad, qui répondit dans sa revue à trois de ces articles.

La première fois,[1] il eut la partie belle. Un

  1. Revue belge 1835, tome 2, p. 327-339.