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de la banalité. Les relations de promenades ou d’excursions que publia la Revue belge sont quelconques et servent surtout à encadrer des récits historiques ou légendaires. Ce n’est que peu à peu que nos écrivains s’essayeront à rendre avec sincérité les aspects du pays natal ; une vision personnelle se fera jour graduellement sous l’amas des réminiscences littéraires ou historiques. Peut-être les littérateurs devront-ils, ici, recevoir des peintres l’initiation décisive…

Weustenraad fit beaucoup de promenades aux environs de Liège ; avec son ami Grandgagnage il fut de ceux qui, en 1837, explorèrent, au péril de leur vie, la grotte de Tilff, récemment découverte. La Revue belge publia[1] un récit de cette expédition, écrit pour moitié par chacun des deux explorateurs, et dont la valeur littéraire est assez mince. Les dernières lignes, qui sont de Weustenraad, méritent cependant d’être signalées. Malgré leur emphase et leur naïveté, elles témoignent d’un sentiment sincère : « Dieu et les hommes ont à l’envi répandu sur ces bords les prodiges de la création, les enchantements des souvenirs historiques et les splendeurs de l’art… Vienne donc un peintre qui sache faire revivre sur la toile toutes les merveilles du sol natal !… On calomnie notre pays, on médit de notre climat… Qu’il se lève donc un vengeur parmi nos jeunes pein-

  1. Revue belge 1837, tome 6, p. 261-292.