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et qui devait longtemps encore exciter les doléances de nos écrivains. Comme J.-F. Claes, il reproche à nos critiques l’étrange manière dont ils s’acquittent de leur fonction ; les uns ne considèrent que les opinions politiques de l’écrivain, se demandent s’il est catholique ou libéral, royaliste ou républicain, et lui accordent du talent en conséquence ; les autres sont des pédants confinés dans les questions de forme, discutant la légitimité d’une image ou d’une tournure ; presque tous montrent une sévérité plus propre à décourager qu’à éclairer le débutant. « En vérité, dit Weustenraad, ils semblent ignorer que la culture des lettres, comme celle des sciences et des arts, importe beaucoup plus que la prospérité matérielle à la grandeur de la patrie. La gloire dont les arts, les sciences et les lettres dotent un pays, est impérissable. Elle survit à toutes les commotions politiques, entretient le feu sacré de la nationalité dans le cœur même d’un peuple assis sur les ruines de la patrie ou errant parmi les nations étrangères, dore l’esclavage de l’opprimé et double la vie de l’homme libre. »[1] Cette haute conception de la littérature est à noter ; elle est bien d’un Belge de 1835, d’un homme chez qui le patriotisme prime tous les autres sentiments.

Le patriotisme inspire également un article sur Anneessens et même, jusqu’à un certain point, une description de la grotte de Tilff, qui parurent tous deux

  1. Revue belge 1835, tome 1, p. 188-190.