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nale, il s’enquiert des conditions qui pourraient en favoriser l’éclosion et le développement. Il y voit bien des obstacles, dont le premier est dans le fait qu’il n’y a pas de langue belge. Il en cite d’autres, qui sont, notamment, la situation difficile faite dans notre pays aux écrivains de langue française par un gouvernement qui réserve ses faveurs aux « hollandisants » ; les entraves mises par ce gouvernement à la liberté de la presse ; la timidité des écrivains eux-mêmes, obstinément attachés, pour la plupart, aux genres désuets qu’autorise seuls le pseudo-classicisme. Mais le plus sérieux obstacle se trouvait certainement dans l’indifférence des Belges pour tout ce qui n’était pas intérêt matériel, bien-être positif et extérieur. C’était ce béotisme du public qu’il importait avant tout de combattre. En attendant, Claes appelait de ses vœux une ère d’indépendance et de liberté, qui, avantageuse aux Belges sous tous les rapports, favoriserait particulièrement chez eux l’éclosion d’une littérature nationale. Il vantait à nos écrivains un « sage romantisme », en leur recommandant « d’éviter comme peste et fièvre jaune toute espèce et toute apparence de timidité et de servilité soit littéraire soit politique », et, pour finir, les exhortait à « s’évertuer ».

Quelques-uns des vœux formulés par Claes étaient près de se réaliser. L’année même où il écrivait ces lignes, la Belgique soulevée conquérait son indépendan-