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notre littérature. Le publiciste P.-F. Claes employa les loisirs que lui valut un emprisonnement aux Petits-Carmes, pour délit de presse, à rechercher, en deux articles fort remarquables[1], les causes de notre faiblesse littéraire et les remèdes qu’il convenait d’y apporter.

L’auteur discute d’abord cette théorie nouvelle et contredite par l’expérience qui veut que chaque nation ait sa littérature propre. Quoi ! une littérature pour chaque nation, même si celle-ci est la création récente et tout artificielle des traités politiques ? Même si cette nation n’a pas d’individualité marquée, et, ce qui est plus étonnant encore, si elle n’a pas de langue à elle, ni qui soit parlée par l’ensemble de ses citoyens ? Une « littérature belge », alors que les Belges parlent, les uns le flamand, les autres le français ? Ces premières pages, où l’on trouve des choses originales et justes mêlées à quelques erreurs, n’ont rien perdu de leur intérêt.

L’entrée en matière est, on le voit, assez pessimiste. Mais le publiciste belge, par une heureuse inconséquence, partage en fait le généreux préjugé de ses compatriotes, puisque, après avoir nié l’existence et jusqu’à la possibilité d’une littérature natio-

  1. Ces articles parurent d’abord dans la Revue Belge, qui, fondée en 1830, ne survécut pas à la Révolution. Ils furent réédités par la Revue encyclopédique belge, en 1834.