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IV

Une première ébauche de la Jeune Belgique


Ce n’est pas d’hier que date la prétention des Belges à posséder une littérature qui soit l’expression particulière de leurs mœurs, de leur « âme », de leur personnalité ethnique, une littérature nationale. Ils y songèrent avant que 1830 leur eût donné l’indépendance, avant même que, selon l’expression de l’historien de Gerlache, 1815 les eût faits nation, et maintes tentatives, intéressantes comme telles, attestent, au début du XIXe siècle, voire à la fin du XVIIIe, l’éveil graduel de notre conscience nationale dans le domaine des lettres.[1]

Ces tentatives ne furent pas heureuses. Quelles que fussent à cet égard les illusions des écrivains intéressés, on ne pouvait guère, aux environs de 1830, contester la médiocrité, pour ne pas dire la nullité, de

  1. Voir l’Histoire de la littérature française en Belgique de 1815 à 1830, par Fritz Masoin Cf. Potvin, Histoire des lettres en Belgique, dans Cinquante ans de liberté.