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avec les plus saintes traditions, a détruit la foi, perverti les mœurs, instauré l’anarchie, proscrit l’idéal et propagé un abject matérialisme. Il a provoqué la décadence des arts, de l’éloquence et des lettres. Jusqu’ici son œuvre a surtout été négative : il s’est borné à détruire. Saura-t-il, sur les ruines accumulées par lui, édifier un monument solide et durable ? (Aux barbares de la civilisation, 1836). En vérité, Weustenraad a fait du chemin, depuis les Chants de réveil. Rien n’est plus éloigné du saint-simonisme que cette tristesse indéfinie, ce découragement, ce regret de la foi chrétienne, cette apologie du passé. Weustenraad évolue. Son évolution l’éloigne non seulement de la chimère saint-simonienne, mais encore de l’idéal démocratique, et elle le conduit au libéralisme modéré. Il me semble qu’elle l’éloigne même du romantisme. Rien n’est plus romantique, à coup sûr, que les regrets, les lamentations, les ironies, les invectives, qui emplissent ces poèmes. Mais le romantisme, ici, est surtout dans la forme. Cette décadence de l’art, du théâtre, de la tribune, des mœurs même, que Weustenraad déplore dans ses Barbares de la civilisation, sans faire de distinction entre les œuvres, n’est guère autre chose que le triomphe de l’école nouvelle. Un romantique convaincu n’aurait pas écrit les vers suivants, où l’influence romantique est cependant si sensible dans l’expression :