sont dignes de leurs frères. Seulement j’ai retrouvé avec peine un reste de formes haineuses. Pourquoi le pauvre parle-t-il toujours au riche au nom de son ressentiment, jamais au nom de sa sympathie ? »
Ce serait peut-être faire beaucoup d’honneur aux Chants de Réveil que de les analyser plus longuement quant au fond. Je voudrais maintenant déterminer en quelques mots leur importance littéraire.
Il y a, en tête de la seconde édition de ce petit livre, un naïf Avis au lecteur que je m’en voudrais de ne pas reproduire ici : « Lecteur ! Si tu as la tête froide et le cœur fermé aux grandes émotions, ne lis pas ces chants. Ils te feraient hausser les épaules et sourire de pitié. Mais si, à une tête ardente, tu joins un cœur profondément sympathique, lis ces chants. Ils te feront mal peut-être, mais ils t’intéresseront. Charles Donald. Janvier 1832. »
Pour saisir toute l’opportunité d’un tel avis, il faut songer à ce qu’était chez nous la poésie française avant 1830. Nos poètes, ou plutôt les froids et laborieux versificateurs qui usurpaient chez nous ce titre, en étaient encore à la fable, au poème didactique, au poème épique, à l’épître, à l’idylle, à l’épigramme, à la traduction en vers, à tous les genres surannés, à toutes les « espiceries » en quoi se perpétuait le pseudo-classicisme. Leurs œuvres étaient en général d’une telle médiocrité que les contemporains eux-mêmes s’en rendaient compte, et que P.-F Claes