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capacité selon ses œuvres. » On y voit aussi jusqu’où allait la vénération des saint-simoniens pour le fondateur du « Nouveau Christianisme » ; car ce n’est pas par simple hyperbole que Saint-Simon s’y trouve déifié. D’autres passages insistent d’ailleurs sur sa divinité, qu’ils expliquent et justifient.

Aucun poète, jusque là, ne s’était inspiré des doctrines saint-simoniennes. Weustenraad le savait et s’en faisait gloire. « L’auteur croit être le premier, dit-il dans une note de son opuscule, qui élève la voix pour faire entendre en vers la parole évangélique de Saint-Simon. »

Quel accueil le public belge fit-il à ce petit livre de vers, le premier, sauf erreur, qui ait paru en Belgique après la révolution de 1830 ? Il ne passa pas inaperçu, nous en avons une preuve dans ce fait qu’il y en eut une réédition dès le début de l’année 1832. Mais j’imagine que le succès des Chants de réveil fut surtout un succès de curiosité, de surprise, peut-être de scandale, et qu’on se soucia peu, en général, des qualités littéraires qui pouvaient distinguer cet opuscule. Certains journaux de l’époque lui consacrèrent cependant des articles élogieux ; notamment le Courrier, (ancien Courrier des Pays-Bas), qui en louait « les vers larges et puissants ». D’autres affectèrent de n’y voir que des invectives et des outrages : « Travaille et n’injurie pas ! » disait le Journal de la province de Liége.