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Le « réveil » qu’ils annoncent est celui des prolétaires opprimés par les riches oisifs et corrompus.


J’ai déjà trop longtemps dormi, moi, dans ma cage,
Et cet hymne de pleurs est mon chant de réveil.


Un esprit d’amertume, de rancune et de révolte emplit ces poèmes. Il faut songer qu’il ont été écrits en 1831, c’est-à-dire en un moment où des commotions politiques et sociales venaient d’ébranler plusieurs États européens. Le poète estime que les dernières révolutions, faites par la bourgeoisie avec l’aide du peuple, n’ont profité qu’à la bourgeoisie, à ceux qu’il appelle les « grands ». Quant au peuple, il continue à être humilié, frustré, opprimé, et à défendre de son sang lorsqu’il le faut, sans compensation, les privilèges des « grands », ses oppresseurs. Tant d’iniquité indigne Weustenraad. Il critique tout l’état social et réprouve particulièrement l’hérédité, « la lèpre de l’hérédité », avec les lois barbares qui perpétuent l’oppression du pauvre par le riche (chant I). Il maudit la guerre et prédit une ère de fraternité et de concorde entre les peuples (chant II). Il prophétise le jour où les « grands », trop longtemps nourris dans l’oisiveté par les sueurs des misérables, devront eux aussi demander leur subsistance au travail personnel. Mais je laisse la parole à Weustenraad, ou plutôt au prolétaire parlant par sa bouche :