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que leurs affiches furent lacérées ou souillées de boue ; qu’aucun imprimeur ne consentit d’abord à imprimer leurs proclamations. Bref, on se montra plus intolérant que de raison à l’égard d’une doctrine dont la propagation, en raison de son extravagance, n’était guère à craindre dans nos contrées, et l’on donna lieu au Congrès national de protester au nom des principes de tolérance qu’il venait précisément d’inscrire dans la Constitution belge. Détail curieux, ce fut un abbé, l’abbé Andries, qui se fit, en cette circonstance, l’organe des sentiments de l’assemblée.

Malgré ces débuts difficiles, le saint-simonisme fit quelques prosélytes en Belgique, particulièrement à Bruxelles et dans le pays de Liège, semble-t-il. Le bon sens national les préserva sans doute des exagérations dans lesquelles tombèrent leurs coreligionnaire français : toujours est-il que nos saint-simoniens ne paraissent guère avoir fait parler d’eux.

Le jeune Weustenraad dut être un des premiers à s’enflammer pour ces doctrines qui avaient le prestige de la nouveauté et de la générosité ; il ne voulut pas voir ce qu’elles avaient d’utopique ; il ne se demanda pas ce qu’il y avait à gagner pour lui, magistrat, chef de famille, citoyen belge, à la diffusion de théories aussi subversives. Les Chants de réveil, expression lyrique de sa foi nouvelle, respirent toute la ferveur d’un néophyte.