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déclare qu’ « on ne se rappelle pas l’avoir entendu plaider plus de deux fois ». À vrai dire, son succès ou son insuccès comme avocat nous importe peu ; ce n’est pas l’avocat, ni le magistrat, qui nous intéresse en Weustenraad. Au surplus, la politique militante devait bientôt le ravir au barreau, comme à la poésie, et faire de lui un journaliste, un peu malgré lui, à ce qu’il semble.

On sait combien la presse fut médiocre, en Belgique, pendant les premières années du régime hollandais[1]. Jusqu’en 1825 environ, les journaux belges furent surtout rédigés par des réfugiés français, bonapartistes ou républicains, qui y discutaient principalement les affaires de leur pays et combattaient sans danger, à l’abri de nos frontières et de nos lois, la politique de Louis XVIII et de Charles X. Puis l’esprit national s’éveilla peu à peu dans nos provinces. De jeunes avocats s’y révélèrent publicistes, ils régénérèrent et rajeunirent quelques-unes des gazettes existantes, en fondèrent de nouvelles, et, grâce à eux, la presse belge devint ce qu’elle devait être tôt ou tard par la force des choses, l’organe des griefs et des revendications du peuple belge. Le Mathieu Laensberg, à Liège, (à partir de 1828 il s’intitule Le Politique) et le Courrier des Pays-Bas, à Bruxelles, menaient allègrement la lutte. Maestricht

  1. F. Masoin, Histoire de la littérature française en Belgique de 1815 à 1830. Cf. Warzée, Essai sur les journaux belges.