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chez ce romantique des vers isolés et même des séries de vers presque classiques d’allure, qui rendent avec netteté, vigueur, concision, et souvent au moyen d’une éclatante image, une pensée intéressante en soi et mise en valeur par l’expression. Il y en a plus d’un exemple dans les passages cités précédemment.

La force domine chez Weustenraad ; il s’en faut cependant que la douceur lui soit étrangère. Les belles stances de Souvenir et de Fantaisie, qu’on a pu lire plus haut, charment par leur tendresse rêveuse, leurs inflexions pures, leur suave et pénétrante mélodie.

Ce poète s’entend assez bien à rendre la pensée, le sentiment, les élans de l’âme ; tout ce qui relève de la sensation trouve en lui un interprète moins habile. Le Remorqueur et le Haut-Fourneau représentent, à cet égard, un grand effort ; mais cet effort est assez rarement heureux. Ces poèmes, essentiellement descriptifs, abondent en métaphores et en comparaisons qui n’offrent à l’esprit aucune représentation exacte et précise. Qui reconnaîtrait le remorqueur sous cette accumulation d’images aussi approximatives qu’involontairement plaisantes :

Éléphant par la force, et cheval par la grâce,
Tigre par la vitesse, et lion par l’audace ?…

Ce pendant une sensation vraie, rendue avec puissance et hardiesse, relève les passages suivants, qui