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sion sincère du patriotisme belge, très intense dans les années qui suivirent notre révolution. Je crois m’être assez étendu sur ce point pour n’avoir pas à y revenir. Elle est encore belge parce qu’elle reflète, indépendamment de l’exaltation patriotique née des événements de 1830, quelques-uns des traits essentiels et durables de notre physionomie nationale. Je n’ose citer comme tels l’esprit démocratique et l’esprit « pacifiste », bien que ces dispositions semblent devoir se rencontrer, plus que partout ailleurs, chez un peuple travailleur et dans un pays neutre : beaucoup d’œuvres françaises parues entre 1830 et 1850 seraient belges à ce compte.

Mais cette glorification du travail humain sous ses formes les plus modernes, qui occupe une si large place dans les Poésies lyriques, devait bien, il me semble, s’élever du sein de la pacifique et laborieuse nation qui, à peine née, prit le premier rang dans la voie du progrès industriel. Des poèmes tels que le Remorqueur et le Haut-Fourneau me paraissent, à cet égard, bien locaux, bien belges. Et ils datent d’une époque où les poètes français de France ne songeaient pas encore à chanter les chemins de fer et les machines à vapeur. Il y aurait un curieux rapprochement à faire entre l’enthousiaste et confiant Remorqueur et les strophes célèbres de la Maison du berger, où Vigny présente les chemins de fer sous un jour si pessimiste ; rapprochement