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Ce Kinker était un homme du xviiie siècle. « Il y avait en lui de l’Érasme et surtout du Voltaire », a-t-on dit. C’est probablement sous son influence que le jeune homme, pendant ses années d’université, écrivit contre le fanatisme, l’intolérance et l’obscurantisme, maintes strophes néerlandaises qu’il est difficile de ne pas trouver un peu prudhommesques. (Le Tandem lui-même avait du reste un caractère nettement anticlérical, comme il résulte d’une pièce de vers composée par Weustenraad à la louange de ce cercle). On est d’autant plus tenté de croire ici à une influence de Kinker que cette note assez fâcheuse, en son insistance du moins, est beaucoup moins fréquente dans les poésies que Weustenraad écrivit après sa sortie de l’Université.

Quant à l’orangisme de Weustenraad dans ses poésies néerlandaises, il n’a rien qui doive nous étonner, et il s’expliquerait même sans l’intervention de Kinker. À l’époque où il les écrivit, c’est-à-dire entre 1823 et 1827, personne en Belgique ne songeait à secouer la domination des Nassau, surtout dans la bourgeoisie libérale, à laquelle appartenait Weustenraad. Les griefs des Belges envers le gouvernement du roi Guillaume, auxquels le poète fait très discrètement allusion, n’entamaient en rien leur loyalisme. On peut même dire que le patriotisme belge n’existait pas. Nul ne récusera à ce sujet, tout inattendu qu’il soit, le témoignage de Joseph Lebeau, qui devait être,