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XI

Appréciation


Le critique littéraire qui découvre un talent ignoré, oublié ou méconnu, est assez exposé à s’exagérer l’importance de la découverte et à prendre ce talent pour un génie. Quoique je sois loin d’attribuer du génie à Weustenraad, je ne suis pas sûr d’avoir absolument évité cet écueil.

Ce n’est donc pas sans un peu d’inquiétude que je me hasarde à porter sur son œuvre un jugement d’ensemble. Puissé-je au moins ne pas trop la surfaire !

L’œuvre poétique de l’écrivain maestrichtois a cela d’original, il me semble, qu’elle est éminemment belge.

La raillerie, ici, est trop aisée. Les raffinés s’empresseront de m’accorder qu’elle est belge, en tant qu’écrite dans cette langue conventionnelle, académique, lourde et incorrecte, qui fut, avant 1880, celle de beaucoup de nos écrivains, et qu’on a parfois appelée la langue belge. Mais l’œuvre de Weustenraad me paraît être belge dans un sens plus honorable. Elle l’est d’abord parce qu’elle nous offre l’expres-