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comptait s’arrêter quelques jours chez Jules Borgnet, à la Maison blanche. Sa famille et quelques-uns de ses amis étaient là. Le poète se trouvait dans ces heureuses dispositions où l’on se livre aux projets d’avenir : il aspirait au calme champêtre, à la maison rustique, aux spectacles apaisants de la nature. Ces aspirations, on s’en souvient, s’étaient déjà exprimées dans Fantaisie et Vœu, deux pièces dont j’ai signalé précédemment la réelle beauté. Peut-être, malgré ses adieux à la poésie, son talent poétique allait-il se renouveler et se transformer… En attendant, Weustenraad, près de rentrer à Bruxelles, jouissait des dernières heures de repos et de loisir dans l’air pur des champs, il canotait sur la Meuse, ou plutôt, pour parler comme le bonhomme Siret, « il faisait murmurer l’onde paisible sous le poids d’une nacelle. »[1]

Mais ses instants étaient comptés. Le 24 juin, vers neuf heures du matin, il sentit les premières atteintes du choléra, qui, cette année-là, régnait sur les bords de la Meuse, et dont il avait sans doute contracté le germe en traversant Liège. La maladie fit des progrès rapides et tout espoir de guérison fut bientôt perdu. Théodore Weustenraad expira, entouré des siens, dans la nuit du 24 au 25, vers une heure.

La mort de l’auteur du Remorqueur fit un certain bruit en Belgique. Cela est assez démontré par les

  1. La Renaissance, 1849, p. 63.