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auquel « il aurait infailliblement succombé dans peu d’années, » mais l’emphatique biographe ne s’explique pas autrement sur la nature de ce mal mystérieux. Quetelet, qui, dans sa notice, a raconté les derniers jours de Weustenraad, ne dit rien de cette impitoyable maladie. Il rapporte seulement que le poète, ayant été, vers Pâques, appelé par l’Académie à faire partie d’un « jury d’examen pour les lettres, » prit ses fonctions nouvelles très au sérieux, s’y surmena, et qu’une « violente atteinte de grippe » acheva de l’affaiblir. Il avait besoin de repos et de grand air. C’est pourquoi il suspendit tous ses travaux, laissa notamment inachevé certain poème qu’il comptait lire dans une séance publique de l’Académie, (je n’ai pu en retrouver le brouillon), et partit pour son pays. Il s’arrêta quelques jours dans la province de Liège, poussa jusqu’au bourg néerlandais de Fauquemont, dont il avait toujours aimé le site romantique. Entre autres amis, il revit l’historien Adolphe Borgnet, professeur à l’université de Liège, et il inscrivit dans l’album de sa charmante fille, Mlle  Élise Borgnet[1], les vers suivants, sans doute les derniers qu’il ait écrits :

Tu demandes des vers, ma bonne et belle Élise !
Des vers ! Pardonne-moi d’en être un peu surpris.

  1. Mlle  Élise Borgnet épousa ensuite M. Retté, et fut la mère du poète Adolphe Retté. Je la remercie de m’avoir aimablement autorisé à reproduire ces vers.