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au sujet de la nomination de Sainte-Beuve, et ses sentiments sur ce point paraissent avoir été ceux d’un grand nombre de Belges. Tout n’y fait cependant pas également honneur à son esprit. Par exemple, reprocher à Sainte-Beuve son manque de « convictions littéraires, » n’est-ce pas méconnaître ce qui fait précisément sa supériorité en tant que critique ? Et n’y a-t-il pas un peu de naïveté provinciale dans l’indignation qu’excitent chez le poète belge les démarches faites par Sainte-Beuve pour entrer à l’Académie ? Au surplus, certaines appréciations, qui étonnent sous la plume de Weustenraad, doivent sans doute être mises sur le compte du dépit et de la mauvaise humeur. Cet « état d’âme » est particulièrement sensible dans la dernière partie, où le candidat malheureux déclare, sur un ton passablement amer, n’éprouver aucun sentiment d’amertume. Voici cette lettre :

« Je vous ai exposé les motifs qui m’avaient autorisé à croire que je serais nommé à la chaire de littérature vacante à Liège après le refus de M. Nisard, tout en convenant, pour rendre hommage à la vérité, que je n’avais jamais reçu de vous une promesse positive proprement dite.

» Je renouvelle également la déclaration que je vous ai faite, que jamais, jamais, je n’ai dit à qui que ce soit qu’en nommant M. Sainte-Beuve vous