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spéciale de nous hollandiser, c’est-à-dire, dans l’esprit du roi, de nous polir, de nous civiliser. Les Hollandais, à cette époque, regardaient les Belges comme leur étant très inférieurs en culture, tranchons le mot, ils les méprisaient.

Weustenraad fit partie du Tandem, cercle littéraire fondé et dirigé par Kinker, qui réunissait chez lui les plus distingués de ses élèves dans le double but de les familiariser avec la langue néerlandaise et de développer en eux le patriotisme néerlandais. Le jeune Maestrichtois fut un des disciples fervents et devint bientôt l’ami du poète philosophe. C’est sous sa direction qu’il s’initia à la philosophie de Kant, dont Kinker s’était fait dans son pays le vulgarisateur, et qu’il étudia les littératures germaniques. Il lut avec lui les poètes hollandais, Bellamy entre autres, que Weustenraad a chanté dans une assez belle ode, et il partagea l’enthousiasme de son maître pour Schiller, qu’il devait un jour imiter dans son Remorqueur. Peut-être faut-il rapporter en partie à une lecture assidue de ce grand poète ce qu’il y a de généreux, d’humain, d’idéaliste dans les meilleurs productions de Weustenraad.

Presque toutes ses poésies néerlandaises semblent dater de ses années d’université. C’est du moins à cette époque que remontent, pour la plupart, celles qui sont conservées en manuscrit, au nombre de vingt-