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d’un caractère plus ou moins confidentiel, qui respirent la fièvre du combat. L’une d’elles contient ces mots en post-scriptum : « Je viens d’apprendre la mort de l’auditeur Bourdeau. Nous voudrions bien t’avoir à Bruxelles. » Weustenraad succéda-t-il à ce Bourdeau ? Toujours est-il qu’en août 1847 il passa à l’auditorat militaire du Brabant. Vers la même époque il abandonna la Tribune, dont il avait été rédacteur en chef aussi longtemps qu’il fut nécessaire pour aider au succès de ses amis politiques.

Il ne renonça pas au journalisme, tout en s’accordant plus de loisirs en tant que journaliste. L’Indépendance publia de lui un assez grand nombre d’articles : « Sa dialectique était toujours pressante, dit Stas, son style clair, nerveux et incisif. » On a lieu de croire cette appréciation fondée. Weustenraad avait, en 1847, une longue expérience de la prose, et j’ai dit les solides qualités qui distinguent déjà les pages publiées par lui dans la Revue belge en réponse à la brochure de Grandgagnage sur la neutralité belge. Le publiciste, depuis lors, n’avait pu que gagner.

Le poète, en revanche, semblait glisser au découragement, à la lassitude, au marasme. Il voyait avec tristesse décliner peu à peu l’exaltation patriotique qui avait produit la Révolution belge. Le prosaïsme et le mercantilisme croissants de ses contemporains l’écœuraient. Lui-même, d’ailleurs, avait passé l’âge des grands enthousiasmes et perdu mainte illusion,