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tion à la solitude s’expriment, sous une forme plus brève et avec plus d’intensité, dans le petit poème intitulé Vœu (1847), qui me paraît assez réussi, malgré quelques faiblesses, pour mériter d’être reproduit intégralement :

Oh ! dans ces tristes temps de luttes intestines,
Quand le doute et la honte accablent le plus fort,
Quand rien n’est vrai sur rien, quand tout tombe en ruines,
xxxxxFrappé de vertige ou de mort ;

Quand les Rois éperdus chancellent sur leurs trônes,
Quand le Prêtre sous lui sent la chaire trembler,
Quand le Riche à genoux embrasse les colonnes
xxxxxDe son palais prêt à crouler ;

Quand partout l’anarchie écrase en sa colère
Le germe à peine éclos d’un plus noble avenir ;
Qu’il ne reste plus rien à bénir sur la terre,
xxxxxPlus rien dans les cieux à bénir ;

Que ne puis-je emporter au fond des solitudes,
Loin du bruit des cités qui me poursuit toujours,
Mes austères loisirs et mes douces études,
xxxxxTrop souvent troublés dans leur cours ;

Troublés par les clameurs d’un peuple de sauvages
Qui traîne, tour à tour, aux bords des grands chemins,
Les bustes mutilés et tout chargés d’outrages
xxxxxEt des Brutus et des Tarquins ;

Troublés par les sanglots et les cris d’anathème
Qui, du nord au midi, se heurtent dans les airs,
Et qui feraient d’effroi pâlir Satan lui-même,
xxxxxS’ils pénétraient jusqu’aux enfers ;