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leur aide à celles qui gémissent encore dans l’esclavage :

Frères ! tendons à tous la main droite des braves !

S’ils sont partis mourants, s’ils sont partis esclaves,

Qu’ils s’en retournent forts, libres et consolés !…

C’est un grand et noble siècle que celui où vit le poète ; l’avenir promet de n’être ni moins grand ni moins noble. Et l’hymne s’achève par des actions de grâces au Tout-Puissant, à qui l’homme est redevable de tous ces progrès.

Quoi qu’en pensât le ministre Dechamps, le poète, chez Weustenraad, faisait bon ménage avec le publiciste. Les poèmes patriotiques, sociaux ou humanitaires que nous venons d’analyser étaient bien l’œuvre de l’écrivain qui, dans les revues et les journaux du temps, défendait la nationalité belge et luttait pour les idées libérales et démocratiques. C’était la poésie d’un citoyen, d’un propagandiste et d’un polémiste, une poésie éminemment agissante et soucieuse de l’actualité. Weustenraad ignora toujours les dédains, les incuriosités, les paresses aristocratiques de certains poètes modernes. Il ne vécut pas dans une « tour d’ivoire »,

La veine intimiste et personnelle ne manque pourtant pas chez le poète belge. Il a su exprimer, à l’occasion, quelques-unes des délicates émotions que l’homme éprouve surtout en s’isolant de la société.