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beaucoup de personnes à qui les productions ordinaires de ce poète ami de Ch. Rogier auraient sans doute paru subversives. La Charité est, de fait, une manière de sermon laïque, où ne manquent ni la chaleur ni l’onction, et qu’illustrent des épisodes élégiaques dans le goût du temps. Certains passages rappellent les édifiantes et fades lithographies qui ornaient, vers le milieu du siècle dernier, beaucoup de salons bourgeois.

Entre autres témoignages flatteurs, Weustenraad reçut une lettre, datée du 22 décembre 1845, du ministre catholique Deschamps, qui détenait, dans le cabinet Van de Weyer, le portefeuille des Travaux publics. La voici. Elle m’a paru digne d’être reproduite tout au long.

« Monsieur,

» Je vous remercie bien sincèrement des deux exemplaires de votre beau poème sur la Charité que vous avez adressés à ma femme et à moi. Ce sont là des vers comme on voudrait en faire, c’est surtout une bonne action. J’ai trouvé dans ces pages magnifiques un reflet de l’Évangile, les mots de ces pensées qu’on entend dans son âme sans en trouver les expressions. Bien des femmes, sans doute, à la lecture de ces vers, auront compris qu’il ne suffisait pas, pour être chrétienne, de danser pour les pauvres, mais qu’il fallait aller dans les réduits misérables, apporter non seulement le pain et les vêtements, mais ces