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Que toujours nos trésors, que toujours notre vie
xxxxRépondront de sa liberté.

Dis-leur que nous avons, en moins de quinze années,
Plus haut que tous leurs vœux fixé nos destinées,
Fait refleurir la paix sous tes saints étendards,
Fait bénir par l’Europe un nom qu’elle répète,
Et reconquis l’honneur de marcher à sa tête
xxxxPar l’industrie et par les arts.

Mais l’idéalisme de Weustenraad ambitionne pour les Belges quelque chose de mieux que la prospérité artistique et industrielle. Il assigne à la jeune nation une mission hautement civilisatrice, il fait d’elle le peuple élu qui doit extirper du monde la tyrannie pour y établir le règne de la Justice et de la Liberté :

Mais notre mission est loin d’être accomplie.
Gardons, sans l’affaiblir, toute notre énergie
Pour les luttes d’un siècle aux progrès de Titan,
Qui ne descendra pas dans l’abîme des âges
Sans avoir salué, de ses derniers rivages,
xxxxLa chute du dernier tyran.

Nos vrais jours de grandeur ne sont qu’à leur aurore.
Il nous reste à t’abattre, à t’écraser encore,
Passé, monstre rampant, sans oreilles, sans yeux,
Qui te dresses dans l’ombre au pied de tous les trônes,
Et montes, chaque jour, le long de leurs colonnes,
xxxxPlus fort et plus audacieux !

Nous t’abattrons. Ta chute affranchira la terre,
Et sur le sol maudit où tu semais la guerre,
S’élèvera la sainte et splendide cité,