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Ah ! l’industrie est noble et sainte,

Son règne est le règne de Dieu ;
Elle aussi gouverne sans crainte
Et par le fer et par le feu ;
Mais c’est par le feu qui féconde,
C’est par le fer qui reconstruit ;
À son appel un nouveau monde

S’élança d’un monde détruit.

Quels magnifiques rêveurs que ces hommes de 1830 ! À les croire, l’industrie devait faire mieux que de renouveler la face du monde physique : elle devait affranchir l’homme en établissant son empire sur la matière ; ce sont de beaux vers que ceux où Weusteraad exprime cette généreuse illusion :

À travers les déserts, comme aux temps de Moïse,

Guide les nations vers la terre promise,
Aplanis, sous leurs pas, et les mers et les monts,
Et fais régner nos fils, en Rois, sur la matière,
Pour qu’ils puissent, un jour, lever vers la lumière

xxxxxxDes bras libres comme leurs fronts !

L’auteur du Haut-Fourneau ne serait pas de son temps, s’il ne mêlait pas à ce dithyrambique éloge de l’industrie une glorification du travailleur. Ses ouvriers métallurgistes sont nécessairement dotés de toute la noblesse et de toute la générosité dont il dépossède les « grands. » Une fois déjà, dans un poème composé quelques années plus tôt (Harmonie, 1840), il avait tracé, de la cité industrielle, une image idyllique, qui porte bien sa date. Elle s’étale, heureuse