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d’avoir pu paraître dans la Revue nationale[1] de Paul Devaux, où la politique occupait plus de place que la littérature.

Comme le Remorqueur, le Haut-Fourneau représente surtout un grand effort. Sans doute, il y a dans ce poème, comme dans le précédent, bien des naïvetés et des maladresses, et il y a en outre des longueurs ; et Verhaeren s’y prendra autrement quand il voudra peindre l’industrie moderne. Mais il était très hardi, en 1840, de s’attaquer à de tels sujets, que beaucoup de poètes, aujourd’hui encore, persistent à regarder comme anti-poétiques. Et il est caractéristique que le premier chantre des chemins de fer et de la métallurgie ait été un enfant de ce pays dont l’initiative et la prospérité industrielles devaient faire l’admiration du monde. Le Remorqueur et le Haut-Fourneau sont des poèmes belges, au meilleur sens du mot.

Sauf erreur, ce sont aussi, jusqu’à un certain point, des poèmes saint-simoniens, le Haut-Fourneau surtout. Weustenraad était moins renégat qu’il ne croyait. L’inspiration des Chants de réveil se retrouve dans telles strophes ferventes où il annonce l’extinction de la guerre et célèbre la puissance rédemptrice de l’industrie.

  1. Revue nationale de Belgique. 1844, t. XI. Le poème fut reproduit dans la Tribune (11 déc. 1844) et parut en plaquette chez N. Redouté à Liège (in-8° p. 1844), et chez la Vve De Vroone, à Bruxelles (in-32° 28 p. 1844).