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Tu ne saurais croire combien je me rengorge quand j’arrive à quelque belle tirade ; tu sais que je n’aime pas les Français, ou, pour dire plus juste, les Parisiens ; eh bien ! quand donc je suis au bout de quelqu’une de ces belles tirades, je me surprends m’écriant tout haut : attrape ça, fransquillon ! attrape ça ! Comme si c’étaient des horions que nos écrivains de talent distribuaient à tous ces pédants d’Outre-Quiévrain qui sont si souvent venus nous régenter du haut de leurs feuilletons et de leurs romans. Je vais reprendre ton Remorqueur pour me donner encore un petit moment de ces joies-là. »

Le succès du Remorqueur décida sans doute Weustenraad à composer le Haut-Fourneau, qui est analogue par l’inspiration et composé sur le même plan. De plus, ce poème a, comme le précédent, le caractère d’une œuvre de circonstance et d’une œuvre patriotique. Les étonnants progrès que notre industrie métallurgique, un moment arrêtée dans son essor par la révolution, réalisa surtout à partir de 1835, enthousiasmèrent le poète, qui prit comme sujet de son ouvrage les établissements Cockerill, de Seraing. (Il avoue même, dans une note de l’édition en plaquette, avoir emprunté au Rhin de Hugo, récemment paru, quelques traits de son tableau.) Le Haut-Fourneau doit sans doute à ce double caractère