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était transporté, atteste Potvin[1], et, dans un coin du salon, la main dans celle d’Ernest Buschmann, nous confondions notre émotion vive. La poésie avait consacré nos chemins de fer et semblait consacrer notre nation ». Une part de l’ovation alla sans doute au ministre, au « fondateur du chemin de fer belge » comme Weustenraad l’appela plus tard dans la dédicace de son poème. On peut même croire que Ch. Rogier, en invitant le poète ami à venir lire son œuvre, ce soir-là, dans son salon, avait escompté ce petit succès personnel. Il existe de lui un billet inédit où il recommande instamment à Weustenraad d’arriver « avec son remorqueur ».

Le Remorqueur est une œuvre poétique de longue haleine,[2] un petit « poème » au sens où l’on entendait autrefois ce mot. On y retrouve à peu près le plan suivi par Schiller dans le Chant de la Cloche et par Lamartine dans l’épisode des Laboureurs, de Jocelyn, c’est-à-dire que des passages descriptifs y alternent avec des considérations philosophiques ou des envolées lyriques. Il est difficile aujourd’hui de partager l’admiration sans réserve que professe pour cet ouvrage Charles Potvin, dans son Histoire des lettres en Belgique, où, d’ailleurs, tout ce qui est belge

  1. Histoire des lettres en Belgique, p. 369.
  2. 367 vers, de douze, huit ou six syllabes, partagés ea strophes de coupe variée.