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relles » faisaient bon marché, cela va de soi, de l’indépendance belge. Il y eut alors chez nous un moment d’indignation et de patriotique angoisse, et Weustenraad se fit l’interprète du sentiment général, en vingt strophes (de huit alexandrins chacune), ironiquement intitulées Aux conquérants parisiens, où il proclamait les droits du jeune état à l’indépendance.

Ce qui frappe le plus dans ce poème, c’est la hauteur dédaigneuse affectée par le poète patriote à l’égard de ces Français qui tantôt nous traitaient de Béotiens, tantôt daignaient nous appeler leurs frères, et qui sans doute auraient cru faire notre bonheur en annexant la Belgique. Nulle part la fierté belge ne s’est plus nettement manifestée. Respectez-nous, dit, en substance, le poète justement indigné. Longtemps avant vous, nous avons été libres, industrieux, civilisés[1] ; nos ancêtres ont donné aux vôtres l’exemple des généreuses révoltes et leur ont ouvert la voie de tous les progrès. Vous nous déclarez déchus de cet antique état de prospérité et de splendeur. Peut-être le sommes-nous ; mais c’est à peine si nous venons de renaître à l’indépendance. Laissez-nous grandir en paix, nous aurons bientôt égalé nos

  1. Je résume et n’apprécie pas. Maintes assertions de Weustenraad, ici et ailleurs, auraient peut-être donné lieu à des remarques, si j’avais adopté, pour analyser son œuvre, le point de vue historique.