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régime du sabre. C’en est fait de l’heureuse et libre vie qu’on menait naguère dans l’aimable cité mosane, si proche de Liège qu’elle en est un peu wallonne, Plus de fêtes, de bals, de concerts ; la grande foire de la Saint-Martin a cessé d’être une occasion de réjouissances. Les bourgeois maestrichtois, volontiers frondeurs, ne se réunissent plus en de joyeux banquets pour « chansonner les abus d’un autre âge » et « vouer à l’ostracisme tous les descendants des Nassau. » Enfin Maestricht, si active et si florissante naguère encore, présente aujourd’hui le plus morne aspect.

La banqueroute siège au foyer de nos pères
Où jadis l’abondance épanchait ses trésors…
La prostitution décime les familles,
Sur des noms jadis purs imprime un sceau fatal…

Et le poète citoyen, navré et indigné devant tant de hontes et de misères, « maudit » ces « libérateurs » qui n’ont pu arracher aux Hollandais sa ville natale. Il flétrit certains citoyens, aussi lâches qu’impudents, Maestrichtois de la haute bourgeoisie, chefs naturels du peuple, qui, n’ayant songé, au moment critique, qu’à mettre en lieu sûr leur personne et « leurs pénates d’argent », accusent maintenant Maestricht de s’être mal défendue et d’avoir mérité son sort. (Je laisse aux érudits de l’endroit le soin de rechercher jusqu’à quel point ces plaintes et ces accusations étaient fondées.)