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y évoque sa ville natale, qui, « les lianes nus, la tête échevelée et les deux bras meurtris, » se lamente au bord de son fleuve et supplie vainement ses fils de ne pas l’abandonner dans l’oppression. La voilà donc vouée « au destin des esclaves, » elle qui combattit si vaillamment pour la liberté. Du moins peut-elle se dire, dans sa détresse, qu’elle a fait son devoir et n’a cédé qu’à la force ; et il ne lui est pas interdit d’espérer. Quatre années d’épreuves, il est vrai, sont bien faites pour étouffer en elle toute espérance.

Tes malheurs, tes tourments, tes quatre ans de souffrance
Ont failli dans ton âme éteindre l’espérance ;
Mais aussi que de pleurs t’ont fait verser les rois !
Quel peuple, de nos jours, a subi ton martyre ?
En est-il un, un seid, qui rampe sous l’empire
xxxxxxxxDe plus infâmes lois ?


De lois ? Oh non ! toutes les lois sont mortes !
Dibbets les écrasa sous ses pieds triomphants,
Dibbets a fait clouer la justice à tes portes ;
Le canon au dehors, et le sabre au dedans,
Voilà, quand tu te plains, voilà, quand tu t’emportes,
xxxxxxxxTes juges et tes surveillants !

Et Weustenraad trace un sombre tableau des misères subies par Maestricht depuis la proclamation de l’état de siège en octobre 1830. Quoique le style soit ici un peu trop pompeux et trop figuré pour être toujours parfaitement clair, le morceau abonde en détails intéressants. Les franchises municipales, foulées aux pieds par la soldatesque, ont fait place au