Page:Séndaté - La mort du samuraï, 1885.pdf/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veines où se cachait un peu de vie et ils ont envoyé des masses vermoulues, branlantes que méprisent les vents et que la mer caresse comme une proie prochaine.

Tous, disaient-ils, aiment l’art si doux du Japon, ils ont conseillé la destruction des monuments ! Que diriez-vous, mânes glorieuses, si maintenant vous pouviez voir Yedo, le florissant Yedo ? Ses portes dont il était si fier, ses lions sculptés aux gueules menaçantes, ses dragons de bronze rampant sur les toits pointus que dévoraient à chaque angle le poisson symbolique, tout cela a été précipité dans les eaux des fossés, puis souillé de boue, maculé, couvert de bave mousseuse, jeté en tas sur les rives pour y être dédaigneusement remué du pied. Ceux des grands palais que les dévastateurs ont oubliés tombent en ruines, là où se promenaient les belles concubines errent de crasseux employés dont la tête disposée comme celle des barbares grimace sur un corps sans vigueur et que la pauvreté seule empêche d’aban-