Page:Séndaté - La mort du samuraï, 1885.pdf/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

panser leurs blessures au large, ils sont revenus plus âpres et plus affamés, il a fallu leur payer leur défaite… On était riche, on avait l’argent, les précieux vêtements brodés d’or, les laques aux teintes profondes dans lesquelles s’éparpille la lumière en paillettes brillantes, ils voulaient tout. Les vils chiens des rues dont le poil se hérisse lorsqu’ils sentent une proie, se battent et se déchirent, tous ils préfèrent hurler et se mordre plutôt que de voir un des leurs aller ronger seul dans un trou le morceau dont il veut gonfler son maigre ventre ; c’est à cette honte que le Japon doit de n’être pas encore dans le monde une tache rouge ou bleue comme ces hommes sur leurs cartes en salissent les pays qu’ils ont dévorés. Alors, ils ont dit qu’ils voulaient civiliser la terre du soleil levant, eux qui pendant de si longues années, parqués comme des bêtes, rongeaient leur ennui à Desima et servaient de jouet lorsqu’allant humblement s’incliner devant le maître, on les faisait danser,