Page:Séndaté - La mort du samuraï, 1885.pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’aller répondre aux compliments de nouvelle année que le Shogun de Yedo venait de faire déposer à ses pieds. Qu’il était majestueux ! le soleil faisait comme une auréole autour de lui, c’était un demi-dieu foulant les nuages. La femme en pleurant s’était prosternée devant le maître, tandis que l’enfant pâle de respect et de crainte s’inclinait devant son père, au milieu des serviteurs immobiles dont les fronts courbés jusqu’à terre étaient aussi froids que ceux des bonzes pâles que le farouche Foudoo[1] écrase de sa majesté. C’est dans cette même salle où il va mourir, que coiffé pour la première fois en homme et vêtu des larges vêtements de noble brodés à ses armes, il reçut de son père son nom d’homme et apprit de sa bouche les devoirs du Samuraï :

« De même que parmi toutes, la fleur de cerisier est la fleur par excellence, de même parmi les hommes le Samuraï traverse la vie.

« Seul le Mikado est maître de tout, la

  1. Foudoo, dieu boudhique, un des plus vénérés. C'est principalement parmi les pompiers, les charpentiers, les maçons, les restaurateurs, les chanteuses que son culte est le plus observé. Parmi les nombreux temples dédiés à ce dieu, le plus riche et le plus important est celui de Narita dans la province de Simosa. Tous les ans une grande quantité de pèlerins vont y faire leurs dévotions ; leurs dons tant en nature qu'en argent, constituent pour ce temple un revenu considérable.