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trop jeunes pour comprendre l’amertume dont déborde son cœur, seul l’aîné ressent l’angoisse paternelle, les autres étaient des enfants lors de la Révolution, il y a déjà dix ans ! le déchirement du passé qui mine l’ancêtre n’est pour eux qu’un immense étonnement qui flamboie en se déroulant : ils admirent les inventions des barbares. Tanabé le sait, la main qui lui comprime le cœur se contracte encore davantage. Oui on l’aime, mais non plus avec cette religion d’autrefois qui faisait courber les enfants remplis d’amour filial ; eux n’éprouvent pas ce que lui, petit, ressentait, lorsque son père priant devant les tablettes sur lesquelles sont inscrits les noms de mort des ancêtres, brûlait des parfums en évoquant les ombres de ceux dont la substance s’était fondue dans la nature.

Quelle profondeur de lointain ! Et ce jour où le chef de la famille rentra dans son palais en portant les ordres de l’empereur ! Il arrivait de la cour et le Mikado dans sa puissante bonté lui avait confié la mission