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fils du vieillard remplit cet office, l’enfant est grave, il sait qu’un acte suprême va s’accomplir, car devant le chef, sur le plateau blanc aux pieds élevés, repose le petit sabre, dont la lame nue est à moitié cachée par une feuille de papier qui la serre et n’en laisse passer que la pointe.

Près de lui, Takahara, l’ami fidèle se tient debout, son sabre à la main, il attend ; les hivers ont déposé leurs neiges sur sa chevelure, mais son bras ne faiblira pas, lorsque Tanabé en s’ouvrant le ventre, inclinera la tête, afin que la pesante lame ne s’abatte que sur son ordre et fasse d’un seul coup son terrible devoir. Les hommes de la famille forment un demi-cercle silencieux, le vêtement de cérémonie leur donne un aspect étrange et funèbre, à l’indécise clarté du dehors qui assombrit les lampes dont la flamme jaunit derrière les enveloppes en papier, ils semblent de grands papillons tristes aux ailes déployées venus là pour sucer la fleur de la mort. On respecte le maître, mais ces hommes sont