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firmer que sans la religion l’on ne peut être honnête
homme. Il est important… …rallumer les bûchers.
(Ob. XLIX, 117-120).

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La Morale… | …des hommes purs. (Ob. L, 216-
223).
J’admire la religion,… …un grand ouvrage (Ibid.,
226-227). Les manies superstitieuses… …assez mal-
à-propos athéisme (Ob., XLIX, 112-116). J’admire la
religion comme une grande conception des anciens Sages.
La Religion et la philosophie sont si près l’une de l’autre,
qu’elles se sont crues forcées de s’anathématiser pour
rester séparées. Mais de ces deux philosophies dont l’une
n’est soutenue que par la raison, et dont l’autre s’appuie
sur une sanction divine, laquelle convient au peuple ? ni
l’une ni l’autre. Rien ne convient au peuple : il a tout
corrompu, il corrompra tout. Quand vous lui prescrivez
la raison, vous le rendez insensé : quand vous lui
inspirez une religion, vous le rendez atroce. Tous les siècles
en portent l’effrayant témoignage. Vous avez avili le
peuple, il faut qu’il avilisse tout : vous l’avez dénaturé,
il faut qu’il dénature tout. Je ne vois qu’une chose, c’est de
changer le peuple. Mais le plonger dans la fange, et dire
en lui tenant le pied sur la tête, j’entends que tu sois
vertueux de telle et telle manière, c’est un moyen
convenable dans un pays neuf où le pouvoir étant nouveau,
croit ne se maintenir qu’en écrasant ; c’est un moyen bon
chez les hordes errantes, où l’autorité n’étant pas nécessaire,

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doit combattre la raison pour sou|mettre les volontés
c’est un moyen digne des premiers essais du
despotisme, dans ces siècles où le peuple n’ayant point encore
l’habitude de se soumettre à une police, ne doit vénérer
que des lois célestes, et ne peut admettre d’innovations
contre ses libertés qu’en les croyant selon l’ordre éternel.