Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 2.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[1]


RÊVERIES

SUR

LA NATURE PRIMITIVE

DE L’HOMME




PREMIÈRE RÊVERIE

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES



Après tant de siècles dont les livres sont conservés en
partie, si quelqu’un écrit encore, il semble avoir moins
cédé à des vues d’utilité publique, qu’à ce mouvement
personnel qui nous porte à exprimer à tous notre pensée
sur des objets relatifs à tous.
Il est certain pourtant que de nos jours mêmes, les écrivains
peuvent arriver à des résultats utiles, comme aussi
les littérateurs peuvent rencontrer des formes nouvelles.
Peut-être des considérations semblables paroîtroient
insuffisantes à celui qui pourroit faire davantage. C’est par des
actions qu’un homme placé dans un poste éminent servira
son pays ou même plusieurs nations ; car les faits

[2]

ont un résultat directet prompt. Mais quand, dès le | principe,
la force des choses nous a réduits à nous-mêmes et ne
nous a rien promis d’effectif, que nous reste-t-il, si ce
n’est la pensée à la place de l’acte ?