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sonne et qui n’est l’ennemi de qui que ce soit ? À la longue,
les petits moyens de la duplicité tombent, et la bonne-foi
établit sa puissance.
S’il arrive que quelqu’un, plus imprudent, attaque mes
principes avec autant de mauvaise foi et d’une manière
moins obscure, alors je détruirai les imputations hasardées
contre moi. Quant à la partie littéraire, elle appartient
sans réserve à la critique l’élocution est de sa compétence :
je l’abandonnerois même à la critique la moins
éclairée ; car, bien qu’il soit de mode maintenant de compter
le style pour tout, je ne prétends point défendre le mien.
Si donc il ne s’agissoit que d’objets littéraires, je n’en
importunerois pas le public : mais on m’a calomnié sur
des sujets plus graves ; et l’ordre veut qu’on ne se
permette tout-a-fait impunément ni une telle calomnie, ni
les procédés dont elle a été suivie.
Durant des années, je n’ai répondu à aucune critique,
même lorsque pour la rendre plus piquante, ou pour
mieux faire ressortir les couleurs distinctives de tel ou
tel journal, un ou deux rédacteurs ont supposé que le
zèle pouvoit se permettre quelque imposture. Je ne remercie

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point | ceux qui ont écrit dans un sens contraire. Je
ne veux rien faire qui tende à altérer cette impartialité
qui doit être la première loi du critique et le seul vœu
de l’auteur.
Mais dernièrement, j’ai été forcé de demander à la
Gazette de France une retractation. Car dans un article,
dont sans doute les vrais chefs de ce journal désavouent
le faiseur, et dont la plupart des lignes contiennent des
faussetés palpables, on m’a accusé de justifier des crimes,
et d’autoriser l’abandon le plus cynique, à toute la
dépravation que les sens peuvent conseiller.
Après cinq minutes de difficultés assez ridicules, je