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- elle peut juger de ce qui lui conviendra : mais si elle
- prenoit pour ces circonstances plus ou moins imparfaitement
- prévues, pour les besoins plus ou moins mal
- calculés de ces générations futures, des déterminations
- dictées par ses propres passions et inévitablement
- obligatoires, ce seroit ajouter l’iniquité à l’erreur, et ce seroit
- faire naître ces générations dans l’esclavage. Ainsi pour
- qu’une institution durable soit juste, il ne suffit pas que
- la volonté présente soit unanime, il faut encore qu’elle
- soit confirmée d’âge en âge. Mais les inconvéniens du
- changement, surtout dans de grands états, engagent à
- confirmer la loi existante, et à la maintenir lors même
- qu’elle ne convient plus à d’autres égards ; tant qu’elle
- n’est pas essentiellement mauvaise, elle est bonne par cela
- seul qu’elle est établie.
- On peut distinguer la justice convenue de la justice
- naturelle, et la liberté politique de la vraie liberté sociale.
- Cependant si cette justice convenue et cette liberté politique
- subsistent, l’état est légitimement constitué ; car le
- reste dépend davantage des lumières de l’homme que de
- sa volonté : jusqu’à un certain point, l’erreur est inséparable
- de sa foiblesse. Si l’erreur est universelle et que
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- tous y donnent un consentement exprès, | le cœur ne
- sera pas libre, mais la pensée le sera ; ce n’est qu’une
- modification accidentelle de la justice, mais comme on la
- croit conforme au juste absolu et qu’elle ne s’en écarte
- point directement, elle ne peut ni affliger ni corrompre :
- ainsi les hommes sont libres sans être parfaitement
- heureux, et les choses sont bonnes sans être aussi bonnes
- qu’elles le pourroient être, sans être absolument bonnes.
- Le mieux possible est très-difficile à obtenir : les difficultés
- sont dans la nature même des choses. Si l’organisation
- de tous étoit précisément semblable, si toutes les